Au début du XXème siècle, le jazz naît aux Etats-Unis à l'initiative de musiciens afroaméricains, tandis que le pays accueille de nouveaux migrants européens, dont une grande partie d'origine juive avec dans leurs bagages leur culture et leur musique. La conférence se propose d'analyser ce qui a pu rapprocher ces deux courants dans le creuset culturel américain alors en pleine mutation et effervescence.

Par David Lefèbvre et Alexandre Litwak

Gefilte Swing ! Qu’est-ce que c’est ? Prenez une carpe, remplissez-la de farce et... abracadabra ! Vous avez devant vous  ce délicieux plat emblématique de la cuisine juive ashkénaze : le gefilte fish ! Enfin c’est peut-être un tout petit peu plus compliqué que ça... Dans notre cas, il s’agit de "farcir" les mélodies juives d’Europe de l’Est, ces chansons et mélodies aux rythmes entraînants que l’on appelle klezmer, avec les musiques populaires américaines des  années vingt et trente : fox-trot, charleston et swing.

Après plusieurs années de complicité musicale en duo avec le guitariste Aurélien Naffrichoux et diverses expérimentations en trio, Yom réinvente ses “Yiddish Cowboys” sous un nouveau nom, en quintet, avec un répertoire original et une instrumentation renouvelée qui donne la part belle aux guitares (steel guitar, dobro, banjo, guitares folk, électrique et baryton). L’épopée dans le Far West se poursuit ainsi en s’enrichissant d’un nouveau discours et de sonorités inédites. Au travers de ce projet qui mêle musiques d’inspiration yiddish et Americana (blues, bluegrass, country, folk…), Yom entend réunir deux pans de son histoire familiale. Après avoir exploré l’héritage culturel maternel (ses origines juives de Transylvanie), Yom donne cette fois à entendre l’histoire de son père. Ce père parti vivre plusieurs années aux Etats-Unis dans les années 50, après avoir été adopté par un médecin de l’armée américaine. À partir de l’histoire paternelle, Yom invente un véritable voyage initiatique dans une Amérique fantasmée, constituée de vastes paysages, de plaines et de canyons que parcourt un cowboy solitaire. Au soleil couchant, il fredonne de mélancoliques ballades, simplement accompagné de son banjo. Ce que Yom révèle au travers de ce nouveau répertoire, c’est un parallèle évident entre la nostalgie des chansons yiddish et celle des ballades de cowboys qui évoquent toutes deux l’errance, le déracinement, la solitude existentielle…

Songs For The Old Man nous fait découvrir des paysages et des territoires inexplorés où se confondraient Bessarabie Orientale et Nouveau Mexique, Colorado et Danube, Appalaches et Carpates. Une passerelle spatio-temporelle entre Far East et Far West.

Co-production Planètes Rouges et Festival d'Ile-de-France x Création Festival d’Ile de France 2015. Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France, du Ministère de la Culture et de la Communication, de la Dynamo Banlieues Bleues et la Région Île de France.